Sans conteste la mythique « Ligne du Yunnan » cheminant du Tonkin jusqu’au coeur de cette vertigineuse contrée de l’Empire Céleste fut en son temps l’une des sept merveilles du monde ferroviaire ! Ligne de tous les superlatifs, restée comme unique dans les annales, elle incarnait alors l’excellence des chemins de fer tant de la France d’outre-mer que de la métropole, en alliant à l’audace et au génie technique, la ténacité et la détermination sans faille des ingénieurs et industriels français.
Fameuse entre toutes, la « Ligne du Yunnan (C.I.Y.) », s’étend sur 855 kilomètres de voie métrique depuis le port de Haiphong jusqu’à Yunnan-Fu, « la ville de l’éternel printemps ». Elle fut pour moitié située en Chine en vertu de traités stipulant « une concession gracieusement accordée à la France… ».
De nos jours certes oubliée, hormis des Chinois qui lui ont dédié un splendide musée, elle demeure ponctuée de délicieuses petites gares au style PLM bien de chez nous ; et qu’en 1937 traversaient comme l’éclair des Micheline aussi chics qu’ultramodernes !
Pragmatisme et Histoire imposent d’emblée de préciser que fut à déplorer un lourd bilan humain et une exploitation entravée dès l’origine par l’interminable chaos des « Seigneurs de la guerre » chinois, puis paralysée par la terrible invasion japonaise de 1937.
Un article en deux parties semblant judicieux pour un exploit d’une telle envergure, celle-ci retrace les contextes et arcanes de sa genèse, puis les premières années du chantier. Avec en amont l’âpre lutte opposant Paul Doumer, alors gouverneur de l’Indochine et véritable « locomotive » lancée à toute vapeur sur les rails d’une Histoire qu’il proclame résolument impérialiste, à ses non moins farouches adversaires, dont Delcassé du Quai d’Orsay, plus réalistes et, partant, respectueux de la légitimité du gouvernement chinois. Suivent les réelles difficultés – semblant parfois insurmontables – inhérentes à cet impossible chantier dont témoignent les splendides clichés de Georges-Auguste Marbotte