Une « solution rationnelle » conçue par l’ingénieur électricien Raymond Tuot
Mieux que l’espacement par le temps ou par la distance, « l’espacement par la vitesse »
Montrer que le réglage du mouvement des trains peut s’effectuer « plus rationnellement que par le temps seul, ou par la distance seule, par une combinaison judicieuse de ces deux facteurs représentée par la vitesse », telle est l’idée séduisante de Raymond Tuot, dénommée espacement par la vitesse. Il est ingénieur diplômé de l’Institut électrotechnique de Grenoble en 1921, installé à Strasbourg. La Société auxiliaire d’études électrotechniques édite en 1934 en brochure, « L’espacement par la vitesse, ou l’application de la dynamo tachymétrique à la solution rationnelle du problème de la signalisation automatique et de la sécurité dans les chemins de fer », première version de son système, détaillant les schémas des montages électriques requis1. Sous un sobre titre plus ambitieux et attrayant, Le Problème de la signalisation ferroviaire et sa solution rationnelle, un livre publié après guerre chez l’éditeur Dunod révèle donc le passage à l’expérimentation2. Tuot a trouvé auprès d’Émile Bocquet, un X de la promotion 1904, sous-chef de l’Exploitation au PLM à la retraite, un précieux préfacier. « M. Tuot a été frappé par la perte d’énergie qui se produit, avec la signalisation actuelle, lorsque le mécanicien d’un train franchit le signal avancé d’un signal d’arrêt un peu avant le moment où ces signaux seraient tous deux mis à voie libre ; en effet, le mécanicien freine alors très énergiquement jusqu’à ce qu’il aperçoive le signal d’arrêt, effacé entre-temps ; à ce moment, la vitesse du convoi est fortement réduite de sorte que, pour faire reprendre au train sa vitesse et rattraper le temps perdu, le mécanicien doit consommer une quantité d’énergie importante et imposer, en conséquence, un surcroît de tra-