Durant 84 ans, Langres a disposé d’un chemin de fer à crémaillère pour relier la gare à la ville. Il a été supprimé il y a tout juste 50 ans, en février 1971. Deux motrices restaurées rappellent ce passé ferroviaire de la cité marnaise.
Il suffit de regarder une carte pour comprendre la géographie particulière de Langres. La ville est située en hauteur à 475 m d’altitude sur un territoire assez étroit. Lors de l’arrivée du chemin de fer en 1852, il était bien sûr impensable d’établir la gare à pareille altitude. La compagnie, suivant le tracé naturel de la vallée, a retenu un emplacement en contrebas, éloigné du bourg d’environ 1 500 m à vol d’oiseau. Rapidement, il apparaît nécessaire de relier la gare à la ville et les possibilités ne sont pas nombreuses. Le meilleur moyen de transport, efficace et éprouvé, reste le chemin de fer. Mais comment rattraper un dénivelé aussi important ? Niklaus Riggenbach a une solution toute trouvée. Ce citoyen suisse (bien que né en France à Guebwiller) est un ingénieur qui a rapporté de ses voyages un procédé développé aux États-Unis. En 1863, il dépose un brevet à Paris pour un système totalement inédit de crémaillère. Particulièrement adaptée au paysage de la Suisse, cette technique permet de s’affranchir de fortes déclivités et sera largement déclinée dans ces régions montagneuses. C’est donc très logiquement dans ce pays, sur les bords du lac des Quatre-Cantons à proximité de Lucerne, que naîtra le Rigi Bahnen. Ce chemin de fer ouvert en 1871 est la première ligne de montagne d’Europe. Grâce au système de la crémaillère, le chemin de fer gagne sur 5 km les hauteurs depuis les rives du lac. Ce qui est possible en Suisse, l’est forcément en France. Aussi, c’est ce même procédé qui sera retenu pour Langres. Rapidement, un projet de chemin de fer à crémaillère est élaboré, la toute première application en France de ce système prometteur. Le 9 juin 1885, le Journal officiel publie la déclaration d’utilité publique de la ligne au titre de l’intérêt local. Le département de la Haute-Marne apporte une somme de 50 000 F au financement du chemin de fer. Et c’est ainsi que deux années plus tard, les Annales industrielles du 20 novembre 1887 peuvent annoncer fièrement que le 6 du mois, a été inauguré le premier chemin de fer à crémaillère français :
Aujourd’hui, c’est un service de bus urbain qui relie la gare SNCF de Langres à la haute ville. Encore une fois, c’est la route qui domine la voie ferrée. Quel dommage! Heureusement que les deux des trois automotrices électriques historiques à crémaillère (type A1-1A, construites par les Forges et Ateliers de constructions électriques de Jeumont) ont été rénovées. La première a été restaurée en juin 2007 dans les ateliers municipaux et réinstallée en avril 2010 à son emplacement d’origine sur le haut du pont. L’autre, rénovée par l’association de quartier « La Zouille, » a été transportée en mai 2016 au Musée français du chemin de fer [La Cité du Train] à Mulhouse. Bien entendu, c’est largement mieux que rien du tout!