Dans un Paris meurtri après deux sièges et l’épisode sanglant de la Commune, il est urgent de répondre aux attentes sociales des populations refoulées par les chantiers d’Haussmann vers les quartiers excentrés de la capitale. Cette troisième partie rappelle, issus au printemps 1872 de ce contexte de reconstruction, de généreux projets de chemins de fer métropolitains et de tramways. Si la faveur politique revient à ces derniers, plus modestes à réaliser, les rivalités entre les concessions de l’État et de la Ville de Paris, la concurrence entre la Compagnie générale des omnibus et deux compagnies de tramways, le choix indécis des techniques expérimentées dont a déjà traité François Chantereau, confèrent aux années 1870 une certaine complexité, voire obscurité, qui a rebuté les historiens reconnus des transports parisiens.
Lorsque s’effondre le Second Empire, l’insuffisance des moyens de transport en commun dans un Paris modernisé, inégalement répartis, opposant nouveaux quartiers embellis de l’ouest et quartiers déshérités de l’est, est reconnue. Ingénieur voué à la promotion des tramways, l’ingénieur civil Sérafon résumait parfaitement en 1882 le contexte urbain résultant de la modernisation de Paris, de sa fracture territoriale et sociale : « L’encombrement des quartiers commerçants était déjà très grand […]. Poser des voies ferrées sur les riches et beaux boulevards du nouveau Paris, il n’y fallait pas songer, les rails ne pouvant que gêner les voitures de luxe […]. Paris semblait ainsi devenir la ville des millionnaires. Les ouvriers et les établissements industriels avaient pour eux la banlieue et le chemin de fer de ceinture ; cela devait leur suffire. »
Les élections municipales des 21 et 30 juillet 1871 portent au pouvoir à Paris des édiles républicains. Parmi les 78 conseillers municipaux, on compte 14 conservateurs, monarchistes et bonapartistes ; les républicains se répartissent en 23 conservateurs, 27 modérés et 14 radicaux. Le conseil général de la Seine, défini par une loi provisoire du 16 septembre 1871, se compose des conseillers municipaux de Paris et de six conseillers élus représentant les cantons de Saint-Denis, Neuilly, Courbevoie, Sceaux, Vincennes et Villejuif. Thiers a confié la préfecture de la Seine à Léon Say, bras droit de Rothschild à la Compagnie du Nord. Républicains modérés et conservateurs s’accordent sur l’urgence de certains rattrapages sociaux à réaliser : « On comprit que l’on devait offrir à la classe peu aisée les mêmes facilités de transport que Londres, métropole de l’aristocratie anglaise », résume Sérafon.
Une commission pour élaborer des réseaux de métros et de tramways
Moins de six mois après la chute de la Commune, le 10 novembre, le conseil général de la Seine décide qu’une commission spéciale devra étudier un réseau de chemins de fer métropolitains et de tramways répondant à plusieurs conditions : 1°) mettre les différentes parties du département de la Seine en communication avec un chemin de fer de Ceinture qui serait placé en dedans du chemin de fer de Ceinture actuel ; 2°) mettre en communication ce nouveau chemin avec le centre de Paris ; 3°) desservir la ligne des quais, en prolongeant le tracé à l’amont et à l’aval ; 4°) desservir la ligne