Juin 1898, du Lioran aux gorges du Tarn via Garabit
Au XIXe siècle, une amicale de cadres des compagnies de chemins de fer organise un voyage ferroviaire annuel, combinant attraits touristiques et intérêt professionnel. En juin 1898, une vingtaine partent en excursion dans le Massif central, sur les lignes du PO puis du Midi. Suivons-les…
Formée le 23 février 1856 à l’initiative de quatre ingénieurs, Chobrzynski et Nozo (Nord), Michelant (PO) et Wahl (PLM), la Réunion des chefs de service des chemins de fer avait pour but « de créer et d’entretenir des relations amicales et des liens de confraternité entre les différents chefs de service des chemins de fer ». Comptant 26 membres à l’origine, elle en aura accueilli 227 fin 1905 1. Pour en faire un cercle privé d’échanges libres, un article du règlement exige de tous les membres en activité dans une même compagnie une position d’indépendance vis-à-vis des autres, contrainte qui limitera les admissions décidées par cooptation. Des ingénieurs en chef ou leurs adjoints, des secrétaires généraux y représentent les grands services : Construction, Exploitation, Voie et Bâtiments, Matériel et Traction, Services centraux.
Un dîner mensuel tenu dans un grand hôtel parisien constitue une occasion de se connaître et d’échanger en oubliant les cloisons professionnelles et les grades hiérarchiques. Un voyage annuel est organisé dans les environs de Paris en 1856, puis 1857, puis en province ou à l’étranger. La ville d’eau belge Spa est ainsi visitée deux fois de suite en 1858 et 1859. L’agrément touristique se combine avec le voyage d’études instructif : fonctionnement des chemins de fer utilisés, visite d’ouvrages d’art spectaculaires – Mont-Cenis (1864), Saint-Gothard (1880), Simplon (1901), Garabit (1889) –, visite d’établissements industriels (Le Creusot et Oullins en 1889), ou des grands ports Rotterdam en 1861, Le Havre en 1883, Barcelone en 1888, ou Anvers en 1894. Parfois l’attrait touristique doit l’emporter : Arcachon (1863), Côte d’Azur (1882), Zermatt (1893), Engadine (1904) ; ou la