De la grandeur au déclin…
Engagé dans un déclin accéléré depuis quelques décennies, le train de nuit a pourtant connu un âge d’or certain durant les Trente Glorieuses, en offrant de nombreuses liaisons intérieures, tout comme les trains autos-couchettes conduisant vers le rivage de la Méditerranée ensoleillé de nombreux Anglais, Belges, Allemands en un saut de nuit. L’offre de TGV bouleverse la donne : c’est une nouvelle manière de gagner du temps, qu’impose la SNCF. Rien ne stoppera une fréquentation déclinante malgré une offre renouvelée labellisée TEN, Service Nuit ou « Lunéa » ! Sauf si l’on reconnaît que les trains de nuit pourraient rouler au service de l’impérative transition écologique… L’annonce présidentielle du 14 juillet dernier, « On va redévelopper les trains de nuit », se traduira-t-elle en actes ? Au-delà de ce signal positif, engagés en première ligne pour cette relance, le collectif Oui au train de nuit et l’association Objectif Train de nuit attendent des engagements financiers conséquents. À défaut du milliard et demi d’euros réclamé, les 100 millions annoncés pour un matériel moderne par le nouveau président de la SNCF Jean-Pierre Farandou signifient-ils un possible réveil des trains de nuit ?
Cet article questionne l’histoire longue des trains de nuit ordinaires, moins connue que la saga moult fois rabâchée de la CIWLT. Paru en 2017, le hors-série de Rail Passion, 160 ans de trains de nuit, reste un travail de référence pour retracer notamment leur grandeur puis déclin1. On s’interrogera plutôt sur l’argumentation développée par la SNCF lorsqu’elle croit aux vertus de ces trains et en tire même profit, avant de les abandonner aux bons soins de l’État. Le sort comparé des trains de nuit en France, Allemagne, Suisse et Autriche révèle qu’il n’y a pas un déclin inexorable…