Quand Jacques Brel veut séduire Madeleine, il organise sa soirée autour du tram 33. La ligne qui a circulé à Bruxelles jusque dans les années 1960 reste le témoin principal des amours contrariées du chanteur.
C’est une sale affaire, un drame qui remonte au début des années 1960. Un cold case comme on dirait aujourd’hui. Et le coupable est resté impuni. La coupable pour être exact. On ne sait à peu près rien d’elle. Qui est-elle, quelle est sa profession ? Mystère ! On sait seulement qu’elle vit à Bruxelles. À quoi ressemble-t-elle ? Pas de description précise, sauf qu’elle est jolie. Très jolie même. Alors forcément, ils sont assez nombreux à lui tourner autour. Des types pas toujours très malins qui ne se rendent pas compte qu’ils n’ont à peu près aucune chance. Parmi eux, un certain Jacques Brel qui commence à se faire un nom à l’époque du drame. Un chanteur réaliste qui raconte les histoires de sa vie quotidienne. Il parle de tout, de son pays, plat à ce qu’il paraît, de ses copains, Jef et Jacky, des bourgeois ou des marins du port d’Amsterdam. Et puis bien sûr, il parle des femmes. Celles dont il est le suivant, celles à qui il apporte des bonbons. Mais si elles sont nombreuses dans sa vie, ce n’est pas un tombeur. Plutôt un coeur d’artichaut malheureux en amour. Et pas fier avec ça. Prêt à se jeter aux pieds d’une femme, à devenir l’ombre de son chien quand il la supplie de ne pas le quitter.
Dans cette affaire, c’est d’une certaine Madeleine dont il s’agit. Quand Mathilde est revenue, il avait déjà perdu la tête.
Avec Madeleine c’est différent. Il est un peu plus prudent. Il joue la séduction. Il lui apporte des lilas, elle aime bien ça. Il organise le programme de la soirée. Ils prendront le tram 33 pour aller manger des frites chez Eugène. Là encore, il semble que Madeleine aime bien ça. Ensuite, ils iront au cinéma et ça sera l’occasion de lui dire des « Je t’aime ».