Histoire de la gare de Paris-Lyon.
Un lien entre la capitale et l’arc sud-est
Par Denis Redoutey
Cadre cheminot en gare de Lyon et auteur d’ouvrages de référence sur le matériel moteur de la SNCF, les CC 7100, 2D2 9100 et automotrices électriques, l’auteur invite à une plongée dans l’une des plus fameuses gares de la SNCF. À la croisée de l’histoire du PLM et de celle d’un quartier populaire parisien, des halles de Bercy à l’îlot Chalon, l’enquête, patiente et puisant dans les copieuses archives longtemps conservées dans les combles de la gare, apporte bien des éclairages nouveaux et quelques révélations. Ainsi sur les horloges de la tour, sur les fameuses fresques décorant la salle des pas perdus, ou moins connu, le « secret » du tableau Le Théâtre d’Orange, peinture emblématique du buffet du Train bleu inauguré en 1901 : où figurent notamment les président et vice-président du PLM Stéphane Dervillé et Robert de Nervo, son tout-puissant patron Gustave Noblemaire, entourés de belles mondaines, Sarah Bernhardt et Réjane… : « mise en scène délibérée de la puissance du PLM » (p. 63). Histoire souterraine aussi, où l’on découvre une galerie équipée d’une voie de 50 cm, vestige du chantier d’extension de la gare en 1900, comme un bunker à la destinée avortée…
Retracer l’histoire architecturale d’un monument familier, ses extensions comme ses démolitions (au-dessus la gare souterraine, on songe aux bâtiments détruits de la rue de Bercy riches en archives déversées dans des bennes…) est plus facile que d’en retracer l’occupation humaine : historique des services occupés, billetterie, administration, PC, direction régionale, etc. ; décompte de leurs effectifs. Si l’auteur rappelle l’incendie délibéré du « 20, rue Diderot » durant la Commune de Paris (p. 41-44, p. 151), les grandes grèves sont trop brièvement évoquées dans un établissement et le siège d’une Région SNCF réputés pourtant « chauds » : en mai 68, la gare sera transformée en bastion défensif par les cheminots cégétistes redoutant les intrusions de gauchistes ou d’étudiants ; le Historail n° 49 | 145 mouvement de 1986-1987 est ignoré et les grandes grèves de 1995 se réduisent à la photo d’un défilé, avenue Daumesnil. Par contre, l’accident du 27 juin 1988 qui fit 56 morts et l’affaire judiciaire qui s’ensuivit sont longuement détaillés par l’auteur qui, employé ce jour-là sur place, se rappelle les « images insoutenables » des deux rames encastrées (p. 131-134).
La Vie du Rail, 160 p., 21,1 x 28,2 cm.
Réf. : 110 379. 30 €
En vente à la boutique de La Vie du Rail
-> au 29 rue de Clichy à Paris
-> sur le site.
Il ne fait aucun doute que la Gare de Lyon est un monument ferroviaire mythique et occupe une place inimitable parmi les cinq autres magnifiques gares terminus du réseau de la SNCF à Paris (Paris-Austerlitz, Paris-Est, Paris-Montparnasse, Paris-Nord, Paris-Saint-Lazare). De son tour de l’horloge et de son aménagement intérieur remarquables à son histoire de train riche et variée, il s’agit d’un véritable musée ferroviaire vivant. Afin de mieux comprendre la vie quotidienne colorée d’autrefois et d’aujourd’hui de ses passagers et de ses cheminots, je suggère de lire et de relire ce beau livre impressionnant en compagnie d’un autre grand ouvrage [Paris-Lyon et sa banlieue], également publié par « Les Éditions La Vie du Rail » en 2013. Bonne lecture aux intéressé(e)s!
Merci Güntürk pour votre commentaire ! Vous avez raison le livre Paris-Lyon et sa banlieue est également un ouvrage à lire pour tous les intéressés par ce sujet. Il est disponible sur notre site : https://www.boutiquedelaviedurail.com/paris-lyon-et-sa-banlieue-la-vie-du-rail,fr,4,110284.cfm ou en boutique au 29 rue de Clichy à Paris.