Outre un livre dédié aux seuls trains blindés français (Une expérience militaire sous-estimée : les trains blindés français de la révolution industrielle à la décolonisation, Soteca, 2010, 271 p.), l’auteur, saint-cyrien de la promotion 1975-1977, lieutenant-colonel honoraire dans l’armée blindée, affecté dans divers états-majors internationaux, est bien connu pour avoir publié chez Heimdal en 1989 une première encyclopédie mondiale, Les Trains blindés (1826-1989). Une version enrichie paraissait en 2016 chez Seaforth Publishing, Armoured Trains, an Illustrated Encyclopedia (1825-2016). Ce nouveau livre est à la fois une extension du premier ouvrage et une traduction augmentée du second. Il est le fruit des recherches menées continûment par l’auteur, notamment pour sa thèse de doctorat en histoire militaire soutenue en 2007, sous la direction du professeur Jean-Charles Jauffret. L’auteur a privilégié les photos d’époque dont beaucoup sont uniques, et les plans d’origine retrouvés depuis dans les fonds d’archives prospectés. L’enrichissement de cette mise à jour est chiffrable : de 382 pages à 527 pages ; 71 pays étudiés au lieu de 52 ; environ 1 500 photos, la plupart nouvelles par rapport à 1989, au lieu de 800. Par rapport à l’édition britannique, une cinquantaine de photos inédites et beaucoup de matériels inconnus composent un cahier de photos additionnel de 16 pages.
On comprend par l’énumération des conservateurs, archivistes et correspondants divers du monde entier cités et remerciés pour leur collaboration, la qualité encyclopédique et la valeur historique de ce livre « dédié aux équipages des trains blindés » qui, selon l’auteur, n’ont pas toujours reçu la reconnaissance méritée. Avant d’ouvrir les pages successives, classées alphabétiquement par pays, de l’Afrique du Sud à la Yougoslavie, un avant-propos rappelle plusieurs points essentiels : l’intérêt de l’étude de l’histoire des trains blindés ; le contexte de leur emploi ; une périodisation, marquée par la séquence 1917-1945, « âge d’or des trains blindés sur tous les fronts » ; rôle, missions et typologie, soulignant une vocation polymorphe variée de l’arme : train de reconnaissance, train d’artillerie, train de commandement… ; tout comme une typologie du matériel blindé, de la simple draisine à ces impressionnants « monstres du rail », tels les Panzerzug allemands, les trains soviétiques ou japonais. L’auteur souligne les raisons de la longévité de leur succès : capacité de suppléer chars et blindés ; capacité de contrer les atteintes contre les voies ferrées, cet outil logistique des armées de la Seconde Guerre mondiale et des guerres de décolonisation ; capacité enfin à se régénérer par réparation, innovation… On aurait souhaité a contrario voir évoquées leurs faiblesses : prisonniers du rail, ces trains blindés étaient bien vulnérables et à la merci d’une panne mécanique… Le lecteur trouvera des historiques substantiels sur l’Allemagne (p. 39-87), la France, depuis la guerre franco-prussienne – sujet repris dans ce numéro – jusqu’aux guerres d’Indochine (p. 252-258) puis d’Algérie (p. 259-272). D’entente avec l’auteur, nous envisageons d’entreprendre quelques études sur le rôle précis des trains blindés dans les guerres françaises de colonisation, rôle offensif sans doute, puis dans les guerres d’indépendance de ces colonies, rôle probablement plus défensif : les leçons tirées de notre victorieuse « Bataille du rail » contre les trains de l’occupant, ont sans doute été retenues, menées par d’autres saboteurs des voies ferrées. Traité avec la rigueur et la précision militaire attendues, le sujet n’exclut pas une diversion vers le train blindé dans la bande dessinée et le cinéma, objet d’une annexe…
Heimdal, 528 p., 21 x 29,7 cm.
Disponible à la Boutique de La Vie du Rail au 29 rue de Clichy et sur le site de la boutique.
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