Commandées par la Compagnie du PO dans les années 20, les BB 1-80, machines à courant continu équipées à la fois de frotteurs et de pantographes pour les premiers éléments, recevront le surnom de « Biquettes » pour leur propension à se cabrer à la traction. Elles seront placées en tête d’express, mais aussi de trains de messageries et de marchandises dès l’achèvement de l’électrification par caténaires de Paris – Vierzon. Retour sur la carrière de ces pionnières de la traction électrique en France.
Pionnière de la traction électrique en France sous courant continu à 1,5 kV, cette petite série de locomotives de type BB, forte de 80 unités, est commandée au début des années 20 par la compagnie Paris-Orléans pour son électrification de l’artère Paris – Vierzon et son embranchement ultérieur d’Orléans à Tours. Elle fait partie d’un lot de 200 engins comprenant également les E BB 101-180 et 201-240. Avec leur caisse solidaire du châssis de 12,69 m hors tout, leur masse de 72 t, leur vitesse de 90 km/h elles comportent deux cabines de conduite extrêmes avec porte frontale, reliées par un couloir médian comportant de part et d’autre l’appareillage électrique.
Alors que leur partie mécanique dérive de celle des locomoteurs 6001-6030 du réseau de l’État (futures BB 800), leur équipement électrique est d’inspiration typiquement américaine avec quatre moteurs à ventilation forcée, suspendus par le nez, à entraînement unilatéral de chaque essieu à roues de 1,25 m de diamètre par engrenages droits rigides, développant ensemble 1 640 ch, conçus par General Electric et un équipement électropneumatique Westinghouse. Outre deux pantographes pour la captation du courant par caténaires, les premières unités sont dotées de frotteurs rétractables pour usage sur troisième rail alimenté en 600 V continu. Construites par ECF (Société d’Études pour l’électrification des chemins de fer), elles seront livrées entre 1924 et 1928. Parallèlement le PO réceptionne les E BB 101-180 légèrement plus puissantes et les E BB 201- 240 pour trafic marchandises et manoeuvres.
Les BB 1 à 80 sont mises en service entre 1924 et 1928. Plus tard, ces locomotives électriques assurent des services variés en tête de rames voyageurs, parfois réversibles sur la banlieue sud-est de Paris, ou de trains de marchandises, qui conviennent mieux à leurs caractéristiques techniques.
Dans les années 1960 et 1970, une vingtaine d’entre elles sont modifiées pour circuler en unités doubles indéformables sur la ligne de la Maurienne, alors alimentée par un troisième rail.
La série est amortie entre 1969 (sauf sept locomotives, détruites dès 1944 dans les bombardements des dépôts où elles sont garées) et 1980. Un exemplaire (BB 36), restauré dans son aspect originel, est exposé à la Cité du Train à Mulhouse.
Plusieurs fabricants de modèles réduits ont proposé la BB 1-80, toujours à l’échelle HO.
La firme AS propose, dès 1984, une BB 1-80.
La BB 27, est reproduite par Jouef en 1985. Un autre modèle est sorti en 1992 dans la version d’origine PO, la E-BB 63. Il existe également une version beaucoup plus rare, la E-BB 36 dont sa commercialisation n’a jamais eu lieu. Ceci reste un mystère.
En 2014 le type BB 1-80 est reproduit par la firme Mistral Trains Models en de nombreuses immatriculations, en unité simple et en unité multiple indéformable fixe.
Les vénérables « Biquettes » ont été construites par la société d’études pour l’électrification des chemins de fer (SEECF). Cette société, créée en 1920, réunissait des industriels français, comme Schneider et Jeumont, et des entreprises américaines, comme Thomson-Houston, détentrices des brevets de General Electric.