Organe clef réglant la tension alimentant le moteur des engins électriques, le manipulateur de traction est au wattman ce que fut au mécanicien le régulateur, manette ou levier réglant le débit de vapeur injectée dans les cylindres de sa locomotive. Équipant dans les années 1880 les premiers tramways, cet instrument – dit aussi controller ou combinateur – se réduisait à l’origine à une simple manivelle à axe vertical. Constructeurs et exploitants de réseaux de tramways, chemins de fer et métros l’ont fait évoluer du point de vie fonctionnel, pas toujours de manière souhaitable pour les conducteurs, trop peu souvent consultés. À partir de l’entre-deux-guerres, il devient un volant à axe d’abord vertical, puis incliné ; d’un diamètre croissant, il pourra enfin se réduire dans une époque récente à une simple poignée commandant à la fois les deux fonctions de traction et de freinage dynamique de la locomotive. Curieusement, le manipulateur actuel s’est ainsi rapproché de celui préconisé par certains auteurs dès le début du XXe siècle, dotés d’une indéniable intuition ergonomique avant la lettre.
Le 12 mai 1881, Siemens et Halske inaugurent une première ligne de tramway électrique à Berlin1. Dès ce moment, les tramways électriques se développent un peu partout, en particulier aux États-Unis 2. En France, la première ligne voit le jour à Clermont-Ferrand en 1890. C’est donc dans ces dernières années du XIXe siècle que naît le manipulateur de traction qui ne porte pas encore ce nom.
Vous avez dit controller, régulateur, coupleur, combinateur ?
L’appareil en question est par exemple souvent désigné « controlleur » (sic) chez Dupuy3 ou « contrôleur » chez Tainturier 4 mais les deux auteurs réfutent la validité de ce nom, dans lequel Tainturier voit – avec raison sans doute – l’influence du mot anglo-saxon controller, pour lui préférer celui de « régulateur ». À vrai dire, « régulateur » fleure bon l’influence vaporiste (l’inverseur sera parfois dénommé « changement de marche » selon la même ascendance). La Revue générale des chemins de fer (RGCF), quant à elle, ne dédaigne pas l’utilisation de l’anglais dans cette description des 1-D-1 E.20 du PO : « Le démarrage et le réglage de la vitesse sont obtenus au moyen d’appareils de “train control” type Thomson-Houston à contacteurs électro-magnétiques 5 » . Notons que l’on rencontre également pour désigner ce même appareil⁶ les termes « coupleur » ou « combinateur ⁷ ».