Relatant le 6 mai 1845 l’inauguration du chemin de fer de Paris à Orléans et de son embarcadère, d’une « noble simplicité de construction », L’Illustration relève « la façade surmontée d’une petite construction qui sert d’encadrement de l’horloge et dont l’architecture paraît malheureusement mesquine et peu en rapport avec le reste de l’édifice ». Ce constat serait valable encore au vu du fronton des autres premières gares parisiennes. Telle la petite horloge frontale de la gare de l’Est, dont Perdonnet, administrateur de la Compagnie, souligne d’ailleurs la valeur plutôt symbolique :
« L’architecture d’un monument doit révéler sa destination. Les péristyles annoncent les théâtres, les temples plus anciens et les églises modernes. Les clochers, les tours élevées, les portes en ogives caractérisent les églises du Moyen Âge. Les gares de chemin de fer, celles des extrémités surtout, ont aussi leur architecture spéciale. Dans les gares terminales, comme dans tous les édifices qui servent de réunion à un public nombreux, il existe souvent des péristyles au fond desquels se dessinent des portes ou des fenêtres en plein cintre de grandes dimensions, destinées à éclairer d’immenses vestibules ou à donner issue au flot des voyageurs qu’amène chaque convoi. Mais ce qui caractérise surtout la façade principale, c’est une horloge monumentale, et quand cette façade ferme la gare, un grand arc ou un immense fronton qui accuse la forme du comble recouvrant la halle des voyageurs. La gare terminale de l’Est à Paris offre l’exemple le plus saillant de cette architecture du chemin de fer. […] L’horloge est d’une grande élégance, elle sert d’appui à deux gracieuses statues à demi couchées, la Seine et le Rhin, dont les artistes s’accordent à faire l’éloge. »
Le summum de cette horloge de gare symbolique sera réalisé par le prestigieux PLM commandant à Garnier une horloge à quatre cadrans de dimensions exceptionnelles pour couronner la tour de sa nouvelle gare parisienne : 6,50 m de diamètre, 4,10 m et 3,30 m de rayon pour les aiguilles des minutes et des heures. Achevée en 1900, c’est alors la deuxième plus grande horloge au monde, derrière Big Ben de Londres, de 7 m de diamètre.
En particulier, n’est-il pas impossible d’imaginer une gare terminale sans son horloge monumentale?
Ouverte en 1849, la gare de Paris-Est, dite aussi gare de l’Est, est l’une (5ème) des 6 grandes gares terminales du réseau de la SNCF à Paris. Elle se trouve dans le quartier Saint-Vincent-de-Paul, dans le 10e arrondissement, non loin de la gare du Nord. Sa façade ferme la perspective de l’axe nord-sud percé par le baron Haussmann, préfet de la Seine, et constitué principalement par le boulevard de Strasbourg.
L’horloge de la gare de l’Est à Paris est un des aspects mythiques du bâtiment. Henry Frédéric Varenne sculpta les statues représentant la Marne et la Meuse entourant l’horloge, ainsi que celle allégorique de la ville de Verdun au sommet.