DE L’HEURE LOCALE À L’HEURE DE GREENWICH, LA CONTRIBUTION DÉTERMINANTE DES CHEMINS DE FER
Dans toutes les gares de France et d’Algérie, un événement majeur a lieu la nuit du 10 au 11 mars 1911 : horlogers et cheminots sont mobilisés pour retarder leurs horloges en façade de 9 minutes et 21 secondes, les horloges intérieures, côté salle des pas perdus et quais, de 4 minutes et 21 secondes. Ainsi sera affichée à partir de minuit la nouvelle heure légale adoptée par la France, l’heure de Paris recalée sur le méridien « zéro » de Greenwich. Le développement du chemin de fer aura ainsi contribué à l’abandon par étapes des heures locales : dans chaque localité, le « midi » correspond au passage du soleil au zénith, variant avec sa longitude… Mais la sécurité de l’exploitation ne reposera en rien sur les horloges de gare, sujettes à pannes ou déréglages ; d’ailleurs leurs indications n’ont aucune valeur contractuelle… Seul compte en vérité le respect des signaux !
Henri Vincenot consacre un chapitre de son livre à l’asservissement des agents à « la religion de l’heure 1 » : « Ce n’était même plus la religion de l’exactitude, c’était de l’horolâtrie. » Dès l’origine, « les gueules noires ont tous en commun un souci : faire l’heure. » En résulte que « la montre, qu’on appellera très tôt, et quasiment dans toutes les compagnies de France, le « régulateur », est vraiment le seul outil que tous ces gens aient en commun, du plus petit au plus grand. » Et d’en faire un accessoire décisif pour être recruté.