À côté des gares et de leurs bâtiments voyageurs, les rotondes ferroviaires appartiennent aux paysages du chemin de fer depuis leurs origines. Rotondes ? La dénomination est réservée, paraît-il, aux structures dont la partie centrale est totalement couverte d’une coupole, abritant le pont tournant et les voies qui rayonnent autour de lui : sans cette toiture, il s’agirait plutôt d’une remise circulaire, ou annulaire.
La plupart des trains que nous prenons aujourd’hui – les trains de banlieue, les TER et les TGV – ne sont plus des trains remorqués par des locomotives comme auparavant, mais des rames automotrices indéformables, à double sens de marche. Elles rendent donc inutiles les rotondes et autres remises circulaires, destinées aux seuls engins moteurs. Dorénavant, grils de stationnement, remises et ateliers d’entretien ferroviaires sont de plan carré ou rectangulaire.
Origines britanniques
En Angleterre, le pays de l’invention du chemin de fer moderne, les premières rotondes (roundhouses) sont attestées dès les années 1830. À cette époque, et sauf exception, les locomotives ne fonctionnent qu’en marche avant. La plaque ou pont tournant (turntable) permet d’inverser le sens de leur marche tandis que les stalles disposées en cercle autour de ce pont central offrent une solution spatialement économe pour leur remisage à l’abri des éléments, entre deux courses. Des fosses de visite dans chacun de ces appentis permettent le petit entretien des locomotives et l’enlèvement des cendres et scories. La toiture en coupole est coiffée d’un lanternon qui favorise l’évacuation des fumées et vapeurs. Comme les premières gares, les premières rotondes se sont assez rapidement révélées trop exiguës et ont dû être remplacées.
À la création de la SNCF au début de 1938, il fut décidé de ne construire que 2 modèles de rotonde:
* le type unifié dit type P,
* le type G ayant pour origine la PLM [Compagnie du chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée].
Si les dépôts possédaient une, deux ou trois rotondes, il était fréquent que celles-ci ne couvrent pas la totalité du parc rayonnant, créant ainsi un parc découvert. Dans d’autres cas tout le parc était couvert, mais il n’occupait qu’une partie du rayonnement du pont tournant.
À côté de la rotonde, une alternative au garage des locomotives fut la remise desservie par un pont translateur, mais en conservant le pont tournant pour effectuer le virage des locomotives.
Certains dépôts comportaient, outre la rotonde et son pont tournant, un triangle de virage en plus.
Probablement la première rotonde ferroviaire, conçue par Robert Stephenson, a été construite en 1837 à Birmingham, à la gare de Curzon Street. Sa plaque tournante (pont tournant) centrale, ses fosses d’inspection et un mur extérieur ont été découverts en mars 2020 lors des travaux de construction de High Speed 2 (HS2).
On estime qu’il y avait environ 3000 sites de rotondes aux États-Unis, bien qu’au moins trois fois ce nombre aient été construits entre 1840 et 1950, car beaucoup ont été démolis et reconstruits à mesure que les locomotives devenaient de plus en plus grandes.
Bien que le Royaume-Uni abritait la première rotonde (1837), les États-Unis n’étaient pas loin derrière, plusieurs étant construits vers 1840 pour les premiers chemins de fer.