Nous allons partir à la découverte d’un métier de cheminot dont les spécificités – et les responsabilités écrasantes – sont peu connues : celui d’agent-circulation dans une petite gare de « voie unique », comme il en existe encore beaucoup sur les lignes de chemin de fer à une seule voie serpentant les plaines ou gravissant les montagnes au moyen de ponts, de viaducs et de tunnels, et permettant de desservir les villages les plus reculés de France et de Navarre. À l’heure du TGV et de la signalisation par transmission voie machine (TVM), cet article est destiné à réveiller le souvenir et la nostalgie de ceux qui ont connu le chemin de fer d’antan. Aujourd’hui, beaucoup de ces lignes à voie unique sont fermées à l’exploitation commerciale, mais il en reste de très belles à (re)découvrir… organisation, aspects techniques et réglementaires de leur exploitation, cet article vous dit tout !
Il est 4 h 00 du matin en Beauce, la voiture de l’AC (agent-circulation) de « matinée » – généralement un AMVK (agent mouvement hautement qualifié, placé sur la qualification C) – se gare sur le parking de la petite gare d’Auneau en Eure-et-Loir, située sur la ligne de Paris-Austerlitz à Tours via Vendôme. Je fus, à l’aube de ma carrière, un de ces agents de 1983 à 1990… je suis aujourd’hui un de leurs formateurs au CFCF (Centre de formation de la circulation ferroviaire) de Nanterre, près de Paris.
Il est à l’heure, c’est très bien car de 4 h 00 à 4 h 30, notre agent mouvement n’aura pas tellement l’occasion de « chômer » : ouverture de la gare et de la salle d’attente, mise en route des machines de vente, vérification de sa caisse et préparation de la « reprise » des activités circulation, car Auneau est ce que l’on appelle une gare temporaire « effacée » du service à certaines heures. Travailler en voie unique (VU) impose nécessairement une certaine discipline personnelle… si c’est l’hiver, il devra « assurer » et partir tôt… car il faudra peut-être commencer par déneiger les quais ! En revanche, s’il est « coulé » (c’est-à-dire en retard, dans le jargon du cheminot), le