Un ingénieur ferroviaire doublé d’un grand historien de la traction électrique disparaît
Le monde ferroviaire a appris le décès d’Yves Machefert-Tassin, survenu le 18 janvier, peu après son 98e anniversaire. Né à Montrichard (Loir-et-Cher), il s’intéresse très tôt au mode ferroviaire en général et à la traction électrique en particulier. Soldat en 1945-1947 en zone d’occupation française, dans le pays de Bade, il découvre l’électrication en 25 kV 50 Hz pratiquée sur la ligne du Höllental. De retour en France, il suit les cours de l’École spéciale des travaux publics (ESTP) dont il ressort diplômé en 1950. Ingénieur en chef chez Schneider-Westinghouse (SW) de 1951 à 1963, puis directeur Recherche et Développement Traction chez Schneider MTE de 1963 à 1979, il travaille incessamment à l’amélioration de la traction électrique, tout en gardant une vue d’ensemble sur le monde ferroviaire et ses développements potentiels, notamment ceux de la motorisation linéaire, de la sustentation magnétique (voir page 76 son article inédit à ce sujet) ou du train pendulaire britannique APT dans les années 1970. Plus largement, il contribue à des échanges fructueux entre les réseaux de chemins de fer en Grande-Bretagne et aux États-Unis, mais aussi en URSS et au Japon, où il devient un grand connaisseur du Shinkansen.
Sa carrière d’ingénieur s’achèvera avec la conception du système d’alimentation électrique et l’amélioration des locomotives adaptées au tunnel sous la Manche. Ses connaissances très étendues, Yves Machefert-Tassin les diffuse volontiers, sous son nom ou sous pseudonyme(s), dans ses articles publiés dès la fin des années 1940 par Notre Métier, devenu La Vie du Rail, avec des reportages dans les domaines techniques, géographiques et historiques les plus divers. Il est également publié de très nombreux articles dans les magazines spécialisés : Revue SW (jusqu’en 1964), Revue générale des chemins de fer (RGCF) et Chemins de Fer (revue de l’AFAC) jusqu’aux années 2010 : le premier en mars 1955, « Les locomotives BB à redresseurs ignitrons », et le dernier en décembre 2012, « L’incendie de juin 2011 au tunnel du Simplon… et ses suites ». Sans oublier ses contributions relatives au futur de la traction électrique publiées respectivement en 1974 et en 1986 par Science & Vie dans ses hors-séries « Chemins de fer 75 » (p. 13-24) et « L’avenir du rail » (p. 70-81). Autres participations à des ouvrages collectifs (sans exhaustivité) : Histoire des chemins de fer en France, Les Presses modernes, 1963 (« La traction électrique », p. 195-246 ; « L’autorail et la locomotive diesel », p. 247-288) ; Autour des chemins de fer français. Le présent. L’avenir, Les Presses modernes, 1966, (« L’avenir des chemins de fer », p. 263- 336). Mais c’est dans les années 1980 que ses activités se diversifient.
Une vie ferroviaire brillante bien remplie et bien vécue!
Véritablement talentueux et travailleur, M. Yves Machefert-Tassin n’a pas déçu le monde ferroviaire et l’évolution ferroviaire ne l’a pas déçu non plus!