Le téléphone n’a pas été utilisé en France comme moyen de cantonnement dès son invention. Ce n’est que durant la première guerre mondiale qu’il sera massivement employé par certaines compagnies. Il permettra d’éliminer l’espacement par le temps quelques années plus tard. Actuellement en fort recul sur les lignes à double voie au profit d’autres blocks, il ne devrait pas disparaître avant quelques années sur les voies uniques ouvertes au seul trafic fret. Il peut également être utilisé en secours d’autres blocks.
Le cantonnement téléphonique est le moyen d’espacer les trains par la distance (ou block system) par l’utilisation d’une liaison téléphonique reliant les différents postes de cantonnement. Il est aujourd’hui employé soit comme mode d’espacement des trains à titre principal, soit parfois en secours d’autres types de blocks. Toutefois, le brevet définitif du téléphone ne fut déposé qu’en 1876 par Graham Bell1, c’est-à-dire bien après l’apparition du chemin de fer et même de l’espacement par la distance. Le télégraphe l’a précédé bien avant, permettant d’envoyer tout type de dépêches2, ou certaines prédéfinies à l’avance avec des appareils simplifiés (Jousselin, cloches).
Le téléphone n’a pas forcément séduit les compagnies au départ : le PLM était très réticent du fait du nombre de messages que les postes peuvent s’échanger, tandis que d’autres s’y sont très vite intéressées3, comme l’État qui l’emploiera dans le block 1903 (dont la version moderne est le block manuel Nantes – Bordeaux, toujours présent sur le réseau). L’armée américaine en fera un usage massif en France durant la première guerre mondiale. Le réseau de l’Ouest-État utilisera le cantonnement téléphonique pour des lignes qui étaient dépourvues de block (Pontoise – Dieppe par exemple). Ce cantonnement sera le premier block unifié par la jeune SNCF en 19394. Son principal intérêt est le coût modique des installations : un simple téléphone, loin des appareils compliqués de block ! En revanche, son manque de sécurité constitue son principal défaut, même s’il a permis d’éradiquer le cantonnement par le temps5. Des solutions seront apportées au fil de son histoire afin de pallier cela.