Socrate, TGV-Nord, TER, nouveau fonctionnement et endettement…
L’ancien président de la SNCF Jacques Fournier est décédé le 14 août dernier à l’âge de 92 ans. Pour avoir établi à sa demande un bilan de la réforme des directions régionales de la SNCF créées en 1971-1972, puis l’avoir conseillé dans la recherche sur la SNCF des années noires qu’il ordonnera, nous avons apprécié ce onzième président de la SNCF, facile d’approche, avide d’histoire et de débats…
Ce dossier veut restituer l’impact qu’il eut durant son mandat à travers des extraits suggestifs de son autobiographie parue en 2008, Itinéraire d’un fonctionnaire engagé. Tout comme deux de ses collaborateurs, le directeur général Jean-François Bénard et le directeur financier Pierre Lubek qui ont répondu à notre appel à témoignage. Inutile de préciser qu’il ne peut s’agir de la reconstruction hagiographique d’un « grand patron » de la SNCF, le premier lui-même à faire son autocritique dans cet Itinéraire engagé, à regretter quelques-unes de ses décisions !
Né à Épinal en 1929, fils d’un médecin de colonisation installé en Algérie, c’est là que Jacques Fournier fait ses études. Reçu au concours de l’ENA en 1951, promotion Paul-Cambon, conseiller d’État en juin 1953, son engagement socialiste lui vaut d’être choisi par Mitterrand comme secrétaire général adjoint de l’Élysée, puis secrétaire général du gouvernement de 1982 à 1986, fonction prenant fin avec la première cohabitation. Mitterrand obtiendra de Chirac l’engagement de le nommer à un poste important. Ainsi est-il nommé président de Gaz de France en 1986.
La série noire de 1988 des accidents à la SNCF (gare de Lyon, 56 morts ; gare de l’Est, un mort) provoque la démission de son président Philippe Rouvillois. Le premier ministre Yves Rocard nomme à sa place Fournier, fonction qu’il accomplira du 24 août 1988 jusqu’au terme de son mandat, le 5 mai 1994.
Il n’est guère difficile de pointer l’originalité de Fournier dans la série des présidents de la SNCF1. C’est un militant de causes diverses, à la plume facile et prolixe, puisqu’il signera de nombreux articles et livres, dont un Traité du social en collaboration avec Nicole Questiaux, un best-seller en sciences politiques. Seul Louis Armand peut lui être comparé, pour son impressionnante collection d’articles techniques et de livres engagés pour la construction européenne.