En 1875, il existe pour la traction des tramways, trois systèmes de moteurs mécaniques dont la valeur comparative n’a pas encore été véritablement établie. La machine à vapeur de Harding, la machine sans foyer de Francq et la machine à air comprimé de Mékarski. Les trois fonctionnent sur le principe de la machine à vapeur : un fluide compressé, eau ou air, restitue son énergie en se détendant dans un piston qui communique son mouvement alternatif à des roues au moyen de bielles. Ils diffèrent cependant par la nature du fluide et par la façon de compresser ce fluide. Les compagnies des Tramways-Nord et Tramways-Sud vont être pionnières en matière de traction mécanique en testant successivement ces divers systèmes, qui donneront lieu à des exploitations parfois éphémères.
Le problème de la mécanisation d’une ligne de tramway ne se pose pas dans les mêmes termes s’il s’agit d’une ligne déjà établie fonctionnant à la traction animale ou d’une ligne à créer. Dans le premier cas il faudra se séparer de la cavalerie, il faudra peut-être renforcer la voie, adapter les bâtiments et modifier le service d’exploitation. Les frais importants que nécessitent de telles modifications arrêtent les compagnies même si les avantages de la traction mécanique sont de nature à les faire hésiter. Au contraire si la ligne est à créer, il est possible de prévoir bâtiments annexes et installation de la voie qui soient adaptés au nouveau mode de locomotion. Reste toutefois à comparer les prix de revient et les résultats économiques de chaque système. On comprend dans ces conditions que les Tramways- Sud et les Tramways-Nord dont la création ne remonte qu’à 1873 souhaitent tester les nouveaux systèmes, tandis que les compagnies établies plus anciennement y seront peu enclines1.
Les tramways-sud testent la vapeur
La machine à vapeur a parmi les systèmes de traction possibles l’antériorité grâce aux chemins de fer et paraît en conséquence plus simple à mettre en œuvre. Elle est autonome et ne nécessite pas d’infrastructure particulière, les frais de premier établissement sont donc réduits au minimum. Elle pourrait donc constituer une solution avantageuse pour la traction des tramways, mais les locomotives des chemins de fer sont arrivées à un tel degré de perfectionnement qu’il n’est pas aisé de réduire ces machines à un poids et un volume moindre,