Située sur la commune de Saint-Raphaël, à 15 km, « pépite sur la Corniche d’or », Anthéor qui inspirera nombre d’artistes et décors de films, doit une partie de sa notoriété à son viaduc ferroviaire, surplombant le ravin d’Anthéor entaillant profondément le massif côtier qui longe la côte. Une fois la ligne de Toulon à Nice concédée en 1859 au PLM, il reviendra à l’ingénieur Bardal, qui a déjà construit les viaducs de Bandol et qui construira celui de La Napoule, d’entreprendre cet ouvrage d’art réalisé de 1860 à 1862 : neuf voûtes de pierre maçonnée, 123 m de longueur et près de 30 m de hauteur.
Station balnéaire aux hôtels cotés, « nid d’artistes » selon le Touring-Club de France, Anthéor contribue à l’image attrayante de la Riviera, puis de la « Corniche de l’Estérel » qui double en 1903 la voie ferrée. Si la création du Domaine d’Anthéor-Plage en 1923 ne justifie pas, aux yeux du PLM, un arrêt alors qu’il en existe déjà à Agay et au Trayas. En 1932 est tout de même construite la gare d’Anthéor-Cap-Roux.
Un important chapitre est consacré à la période 1939-1944, où « la grande histoire rencontre la petite à Anthéor », résume justement l’auteur (p. 47-90). Le viaduc est devenu un objectif stratégique des Alliés comme le port de Toulon, le triage de Cannes-La Bocca, et le dépôt de Nice-Saint-Roch : « Il n’y a que deux axes ferroviaires sans tunnel pour atteindre l’Italie du nord où l’armée de Kesselring résiste farouchement à la reconquête par les Alliés de la péninsule », le col du Brenner et l’itinéraire par le littoral de Marseille à Gênes (p. 53). L’auteur publie les cartes aériennes qui doivent établir le résultat des bombardements successifs du viaduc par la RAF et l’US Army Air Force.
Toujours déclaré de visu le 15 août 1944 « apparemment intact », du moins toujours debout après 11 bombardements initiés en septembre 1943, ce n’est qu’à l’issue des bombardements conjugués des escadrons et des croiseurs redoublés lors de l’opération Dragoon que « deux piles adjacentes sont détruites, écroulant les arches de part et d’autre » (p. 82). Deux tabliers de 5 m supportant une voie unique sont lancés, et dès le 25 octobre, le premier train peut passer. Anthéor retrouve alors sa vocation touristique, ses hôtels modernisés et son camping d’Anthéor-Plage qu’illustre une magnifique photo en couleur (p. 116).
La fermeture de la gare en 1964 n’exclut pas l’arrêt des trains, tandis que le viaduc centenaire voit effacer par un lifting les cicatrices de ses blessures de guerre, et accueille en 1968 les équipes de pose des caténaires. Le 9 octobre 2014, une plaque est posée sur le pilier n° 6, qui vient rappeler comment la plage d’Anthéor accueillit l’US Army 70 ans plus tôt.
Anthéor Hier & Aujourd’hui, juillet 2019, 21 x 25 cm, 148 pages.
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