Le 8 décembre 1972, le TGV 001 atteint 318 km/h sur la ligne des Landes, théâtre également du record de vitesse absolu détenu par les CC 7107 et BB 9004 depuis les 28 et 29 mars 1955. Avec cette performance, le TGV 001 détient toujours aujourd’hui le record du monde de vitesse sur rail en traction autonome. Tombé dans l’oubli, ce record avait pourtant fait l’objet, dès la fin des années soixante, d’une course effrénée, aussi bien technique que médiatique, entre les différentes formules de turbotrains.
La bande à Jojo » s’échauffe
Tout a commencé le 20 décembre 1967 quand le Turbotrain de l’United Aircraft Corporation (propulsé par des turbines Pratt & Whitney) atteint 274,9 km/h et s’approprie de fait le record du monde de vitesse sur rail en traction autonome (voir brochure du Turbotrain UAC en page 74). La rame canadienne prend incontestablement une longueur d’avance. Guy Sénac, qui avait étudié cette rame en détail, avait constaté qu’elle avait un talon d’Achille. En effet, elle associait deux technologies nouvelles : la turbine et la pendulation. Il n’est jamais bon d’expérimenter deux technologies en même temps car l’une peut contrarier l’autre et faire capoter l’ensemble (l’Aérotrain en fera les frais en associant coussin d’air et moteur linéaire). C’est l’une des raisons qui avait d’ailleurs fait annuler la construction du TGV 002, qui lui aussi prévoyait d’expérimenter ces deux technologies ensemble. La France est en retard sur la turbine car les essais du X 2061 débutent à peine mais très vite il va atteindre de fortes vitesses : 240 km/h le 13 octobre 1969 avec Turmo III F1, 250 km/h le 6 novembre 1970 avec Turmo III C3 puis 252 km/h 1. La Vie du Rail, n° 1385, p. 4-5. le 19 octobre 1971 avec Turmo X B01. Pour ce petit engin, la performance du Turbotrain UAC n’est pas atteignable. Il n’en sera pas de même pour le TGV 001. Afin de promouvoir les turbotrains français, il était bien entendu indispensable de s’attaquer très rapidement à ce record et dès que la rame rejoignit la ligne des Landes, l’objectif était en vue et dans toutes les têtes, principalement celle de Georges Fournier, chef de bord du TGV 001. Né le 3 février 1920, il entra à la DEA (Division des études d’autorails) de la SNCF à la Libération. Après de nombreux essais sur divers autorails (RGP, X 4200) et surtout sur les locomotives Diesel (de la CC 65000 aux CC 70000), son expérience reconnue lui vaudra d’être désigné chef de bord sur X 2061 puis sur TGV 001, jusqu’à sa retraite le 1er avril 1975. Guy Sénac se reposera énormément sur cet homme d’expérience, à la sympathie communicative. L’équipe réunie autour de lui sur TGV 001 sera d’ailleurs surnommée « la bande à Jojo ». Il nous quitta le 4 mars 2012, à un mois près du quarantième anniversaire de la première sortie du TGV 001, le 4 avril 1972.
Malheureusement, l’avenir des turbotrains hors de France ne s’est pas déroulé comme prévu. Mais vive pour la énième fois les précieux souvenirs des turbotrains ETG et RTG!