L’histoire du chemin de fer Abidjan-Niger débute en 1904, mais la ligne demeure, jusqu’aux années 50, en quête de ses deux terminus : un accès direct à un port maritime et une zone d’attraction au cœur du continent. Elle connaît une extension significative après les deux guerres mondiales, seule parmi les quatre lignes de chemin de fer de l’AOF ordonnées de A à D : Abidjan-Niger (AN, 1 154 km) en Côte-d’Ivoire et Haute-Volta (Burkina Faso), Bénin-Niger (BN, 580 km) au Dahomey, Conakry-Niger (CN, 662 km) en Guinée et Dakar-Niger (DN, 1 690 km) au Sénégal et Soudan français (Mali). Des archives exceptionnelles conservées aux Archives nationales d’outre-mer 1 permettent de comprendre ces développements, contrariés un temps par la crise économique de 1929.
Dans la dernière décennie du XIXe siècle, Grand-Bassam2, à l’embouchure de la Comoé, est tout à la fois le chef-lieu et la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Toutefois, la côte basse et sablonneuse n’offre aucun port naturel ; elle est balayée par des lames qui rendent la navigation périlleuse. En 1897, la construction d’un wharf permet de transborder marchandises et voyageurs avec les navires en rade grâce à une flottille de baleinières et de remorqueurs, sans avoir à traverser la barre. Par ailleurs, Grand-Bassam est menacé par des raz-de-marée et des épidémies périodiques de fièvre jaune. Le point de départ retenu pour le chemin de fer, à partir de 1904, est Abidjan de climat plus sain, sur un plateau qui domine la lagune Ébrié.