Les reportages s’intéressant à la « mort des locomotives », au sort qui les attend en fin de carrière en somme, sont rares. Si en France, les locomotives à vapeur étaient vouées au ferraillage, livrées aux mains expertes de véritables « équarisseurs », il n’en fut pas toujours ainsi aux États-Unis, matière à joutes spectaculaires et profitables, nous apprend en 1928 l’article d’un journaliste ! À sa suite, on tentera d’expliquer pourquoi cette « mise à mort » des locomotives à vapeur était tout à fait impensable en France…
En France, les locomotives condamnées à la réforme disparaissent plutôt discrètement de leurs dépôts. À Montluçon, en 1970, j’ai le souvenir d’un faisceau de voies encombré d’une centaine de majestueuses locomotives à vapeur en sursis, à proximité des hauts-fourneaux des usines Saint-Jacques, dans lesquels elles devaient périr, renaissant (?) sous des avatars inattendus… Autant les locomotives ont pu être bénies lors de leurs premiers roulements, autant leurs derniers parcours restent d’une grande discrétion.
Dans Le Petit Inventeur, intéressante revue éditée par Albin Michel, Marcel Hegelbacher signe en 1928 un article fort original, « La vie et la mort d’une locomotive » (Le Petit Inventeur, Nouvelle série, n° 12, 1928). Le thème servira pour l’illustration singulière mais parlante de la couverture : à l’aide d’une balance, on explique que la construction d’une locomotive de 53 t aura consommé quatre fois plus de matières, dont 116 t de charbon… Les autres illustrations sont à l’avenant, instructives. Bref, aujourd’hui, à l’heure de l’impérative décarbonation de notre monde, ces propos datés ne manquent pas d’intérêt !
La dernière locomotive à vapeur est construite en France, en 1953.
La SNCF arrête l’exploitation vapeur pour le service passager en 1972.
Le 29 mars 1974, la 141 R 420 assure le dernier convoi de marchandises en France entre la gare de Béning et celle de Sarreguemines.