Un cent-cinquantenaire oublié
Il y a 150 ans, quelques trains roulèrent sur les boulevards des Maréchaux, bien avant le tramway T 3 mis en service en 2006. La construction des fortifications en 1840 n’a pas empêché les militaires de chercher à protéger Paris par un chemin de fer circulaire. Après la Petite Ceinture, lentement bouclée entre 1852 et 1869, l’été 1870, un second chemin de fer circulaire est établi au pied des remparts, moyen de transport rapide des troupes d’une porte à l’autre en cas d’assaut de l’ennemi…
Le chemin de fer de Ceinture : un intérêt stratégique bien compris
Le 11 juin 1842, la fameuse « étoile Legrand » est votée, soit un faisceau d’artères rayonnant de Paris aux ports et frontières, mais disjointes entre elles. Suite logique : le 31 octobre suivant, le ministre des Travaux publics Jean-Baptiste Teste met à l’étude un chemin de fer reliant ces artères. Trois options sont examinées des autorités civiles et militaires compétentes : soit un chemin de fer intérieur au mur d’enceinte qui entoure la ville de Paris : soit un chemin de fer extérieur à ce mur mais qui, tracé à l’intérieur du cercle des forts détachés, les met en communication ; soit une ligne tout à fait excentrée, hors de portée de ces forts. Seule retenue, l’étude de la première option est confiée au jeune ingénieur des Ponts et Chaussées Alphonse Baude (1804-1855) qui signe un premier rapport le 30 décembre 18431. Les oppositions exprimées par la chambre de commerce, défendant les intérêts menacés du roulage et les divergences entre les compagnies concernées sur la future exploitation, expliquent l’enlisement du projet.
Comme l’explique Bruno Carrière, la relance est encore prématurée en 1844 : seules trois gares parisiennes sont ouvertes au départ des lignes de Rouen, Versailles, Corbeil et Orléans. Il faut attendre l’ouverture des lignes de Sceaux et du Nord (1846), puis de Strasbourg et de Lyon (1849) pour que « relier entre elles les gares d’entrepôt des Batignolles (Rouen), de la Chapelle (Nord), de la Villette (Strasbourg), de Bercy (Lyon) et d’Ivry (Orléans) devienne alors une nécessité vitale pour le transit des marchandises2. »
La ligne de Petite Ceinture de Paris, communément désignée sous le nom de « Petite Ceinture », est une ligne de chemin de fer à double voie de 32 kilomètres de longueur encerclant Paris à l’intérieur des boulevards des Maréchaux. Bien que faisant toujours partie du réseau ferré national, elle est aujourd’hui inutilisée sur la majeure partie de son parcours. La ligne de Petite Ceinture comprend 23 kilomètres de voies ferrées entre les voies du faisceau de la gare Saint Lazare au nord (près de la gare de la Porte de Clichy) et la ligne des Invalides (près de la gare du Pont du Garigliano) au sud, en passant par l’est de Paris.
En août 2016, une scène du film Le Petit Spirou a été tournée sur la Petite Ceinture du 15e. Le réalisateur, Nicolas Bary, cherchait « un lieu avec des rails, de la verdure mais où on sent quand même la présence de la ville »; la logistique liée au tournage explique également ce choix.