Dans Historail n° 50, nous nous faisions l’écho d’une étonnante redécouverte : celle des boiseries de la gare de Limoges Bénédictins, soigneusement conservées par nos amis du musée HistoRail®. Trois ans et plusieurs confinements plus tard, un nouvel épisode est ajouté à cette rocambolesque aventure, le dernier, celui dont nous sommes appelés à être tous les acteurs.
Rappelons en quelques mots cette étonnante histoire. En 1929, la gare monumentale est inaugurée à Limoges au coeur de la ville, chef-d’oeuvre du génie civil comme du style Art déco. Après quelques chaudes empoignades par articles de presse interposés, le consensus se fait : elle devient pour les Limougeauds un emblème majeur de leur ville et est aujourd’hui l’une des gares préférées des Français. À l’intérieur du grand hall se trouvait un mobilier monumental conçu et dessiné pour elle, très caractéristique de l’exploitation des gares de l’époque et dont il ne reste plus de témoignage aujourd’hui où nous privilégions la fluidité et la lumière : il séparait complètement l’accès aux voies et ses salles d’attente des espaces commerciaux, à l’image d’un aéroport. En 1979, il disparaît avec nos nouvelles façons de voyager. Tout entier ? Non ! un petit groupe d’irréductibles emmené par Jacques Ragon, président fondateur d’HistoRail®, a préservé un ensemble de trois éléments qui restituent l’esprit et tout le savoir-faire d’une époque, mais aussi le talent et la créativité d’une génération d’artistes et artisans d’art limougeauds. En 2019, alors qu’on célébrait en grande pompe les 90 ans de la gare, Monument historique depuis 1976, il a décidé de le mettre au jour. La direction du patrimoine de la SNCF s’est engagée aux côtés de l’association pour permettre la restauration de cet ensemble protégé au titre des Monuments historiques. La Drac Nouvelle- Aquitaine, la Fondation du patrimoine – délégation du Limousin, SNCF Gares & Connexions, la Ville de Limoges et des associations locales se sont immédiatement mobilisées pour soutenir la restauration de cet ensemble unique en vue de sa réinstallation en gare.
Remplaçant une première gare datant de 1856 (inaugurée le 2 juin 1856), l’actuelle gare de Limoges-Bénédictins, conçue dès 1917, est construite de 1925 à 1929 (et ouverte le 18 mai 1929) pour la Compagnie du Paris-Orléans par Roger Gonthier, architecte de la compagnie, sous les ordres de l’ingénieur Julien.
Etabli au-dessus des voies sur une plate-forme en béton armé, l’édifice se signale par son décor d’architecture et ses sculptures en façade évoquant les activités industrielles de la ville et signées par le sculpteur et décorateur Henri Varenne.
Dans le hall d’accueil, couvert d’un dôme de 31 mètres de haut, les verrières sont dues au maître-verrier Francis Chigot; elles combinent des motifs géométriques et végétaux (des feuilles de châtaignier).
La gare, qui comporte aussi un campanile de 61 mètres de haut, a été réhabilitée par la SNCF en 1979.
Le dôme, victime d’un incendie en février 1998, a été restauré en 1998-2000.
La gare de Limoges-Bénédictins est classée Monument Historique (MH) depuis le 15 janvier 1975.
Le bâtiment actuel de la gare de Limoges-Bénédictins est un véritable chef-d’œuvre éclectique d’architecture régionaliste et symbole de la ville, l’esthétique de celui-ci emprunte autant à un Art nouveau tardif, qu’à l’Art déco et au néo-classicisme.
Située au cœur d’une étoile ferroviaire à huit branches, au carrefour de quatre lignes la reliant à Paris via Châteauroux et Orléans, Toulouse via Brive et Montauban, Poitiers via Le Dorat, Angoulême et Périgueux, la gare est aujourd’hui desservie par les trains de voyageurs des réseaux Intercités et TER Nouvelle-Aquitaine plus par les trains de marchandises.
Elle possède 10 voies (+ voies de service) et 5 quais.