Intrigues policières, romances et drames en tous genres constituent la matière privilégiée des romans populaires que les voyageurs emportaient avec eux pour meubler les longues heures de voyages en train.
La littérature de diffusion populaire1 ou « paral-littérature »2, pour reprendre l’expression d’Alain-Michel Boyer, ne jouit pas d’une grande considération. Marc Baroli, auteur d’une thèse remarquée sur la place du train dans la littérature française n’évoque pas ce genre mineur3. Quant à Michel Chlastacz, en ciblant son étude sur les rapports entre le train et le roman policier, lui consacre un chapitre bien nourri4. Jugé à la fois vulgaire, racoleur et commercial, le petit roman s’avère une lecture distrayante que le voyageur achète au kiosque de la gare avant de monter dans son compartiment. Avec sa couverture souple et son format réduit5, il est pratique à transporter et bon marché, rapidement enfoui dans une poche, lu et parfois abandonné sur la banquette ou bien jeté à l’arrivée6. Il reste un compagnon de voyage des années 1910 aux années 1960.
Ses caractéristiques
Communément appelé « petit livre à deux sous », il est grossièrement relié ou agrafé, les pages défraîchies, devenues brunes avec le temps, se fendillent et l’encre peut avoir tellement pâli que certains passages en sont devenus illisibles. Il comprend en général une trentaine de pages (100 pages au maximum) et sa couverture assez clinquante se veut directe et efficace. Elle est traitée avec un grand réalisme et composée tel un instantané focalisant l’attention sur