Pour l’Afrique occidentale française, on ne dispose que de peu de récits de voyage en chemin de fer. Les raisons en sont multiples. Tout d’abord, comparé à d’autres destinations comme l’Afrique du Nord ou le Levant, le nombre de visiteurs y est très réduit. Ensuite, en AOF, les lignes de chemin de fer ne constituent pas un réseau : on prend le train pour s’éloigner de la côte et la découverte ne commence vraiment qu’au-delà du terminus. Les rapports officiels nous ont permis, dans les quatre premiers volets de cette série, de retracer les développements de ces cinq lignes ; les relations publiées, parfois critiques, apportent le regard de voyageurs.
Des années 20 aux indépendances en 1960, l’administration coloniale déploie des efforts de promotion pour attirer les touristes en AOF ; ses brochures et publications mentionnent toujours la qualité des trains. Dans l’intérieur, les travaux publics et les chemins de fer dotent les haltes principales d’un « buffet de la gare » ou d’un « hôtel terminus ».
Les quatre lignes de chemin de fer de l’AOF sont ordonnées de A à D : Abidjan-Niger (AN, 1 154 km) en Côte d’Ivoire et Haute-Volta (Burkina Faso), Bénin-Niger (BN, 580 km) au Dahomey, Conakry-Niger (CN, 662 km) en Guinée et Dakar-Niger (DN, 1 690 km) au Sénégal et Soudan français (Mali) ; il s’y ajoute le Chemin de fer du Togo (276 km). Toutefois, la remarque d’un inspecteur général des Colonies qui, dans un rapport de mission de 1935, qualifie ces lignes à voie métrique de « trains départementaux appelés à effectuer du grand trafic » traduit assez bien le sentiment à l’égard d’installations indispensables mais dont l’aspect modeste et familier apparaît dans plusieurs récits. Pendant la période, le principal motif de voyage demeure, pour de riches dilettantes, la chasse au gros gibier, lion, éléphant, rhinocéros ou buffle. Cependant, pour le safari, le train ne joue qu’un rôle de transit afin de se rapprocher des réserves de chasse et il n’est évoqué ni dans les récits, ni même les correspondances.